Jours saints à Gramond, avec le Frère Jocelyn Dorvault, op

Au cours du triduum pascal, c’est le noyau de notre foi que nous professons, célébrons et vivons, pour passer de l’effroi à la jubilation, de la mort à la résurrection.                                                                         

  • JEUDI SAINT 

* Lavement des pieds, geste qui renverse les ordres établis : le dominant s’agenouille devant le serviteur. … « Comportez-vous comme le Christ ».   Nous sommes invitées à servir nos sœurs, surtout les plus fragiles : pour cela Il y a mille façons : faire une lecture à une sœur malvoyante,  retransmettre des informations à une sœur malentendante … Nous avons à nous dépouiller, nous abaisser, nous donner, arrêter de revendiquer d’être servi en premier et consentir au service des autres.  Nous comprenons ce que nous pouvons faire, en voyant ce que le Christ a fait pour nous le jeudi saint.

* Le repas de la Pâque :

Mémorial de l’amour de Dieu qui fait passer son peuple de l’esclavage à la liberté.

Nous sommes invités à faire passer nos sœurs, nos frères, des enfermements de la solitude à la rencontre, de leurs inquiétudes à la sérénité, de la culpabilité à la paix, du manque d’amour au don …. 

Action de grâce et joie pour l’Alliance fidèle de notre Dieu.

Le repas est un lieu de communion : le temps d’être ensemble, de faire corps « d’être Corps du Christ ». Pour cela il est important de veiller à la qualité de notre présence : être attentif aux autres, permettre à chacun de s’exprimer…

Le pain : Nous avons faim de Dieu, pain de la route, de l’effort, du partage.

Le vin de l’Alliance, de la joie, de la vie versée en abondance.

Etre reconnaissant pour la vie que Dieu nous donne et tout ce que nous recevons de nos sœurs.

  • VENDREDI SAINT

Qui est cet homme qui est resté fidèle jusqu’au bout ?

Si Dieu accepte de mourir sur la croix pour nous, qui sommes-nous ?

La liturgie du vendredi saint ne laisse pas la tristesse nous envahir. Nous sommes invités à vivre une sereine reconnaissance pour l’Amour du Christ. Au cœur de l’Eglise s’élève  un cri de victoire : nous passons de la peine à la joie. C’est le Christ victorieux que nous vénérons. Ce n’est pas la souffrance du Christ qui nous sauve, mais sa fidélité, son Amour.

Nous sommes invités à suivre ce mouvement dans nos vies : traverser les épreuves de la vieillesse, la perte des relations, la disparition de la mémoire, le sentiment d’inutilité … Ces souffrances n’auront pas le dernier mot, elles sont une étape :                                                              le Christ a vaincu la finitude et la mort ! 

  • SAMEDI SAINT

* Hier, Christ a disparu à nos yeux, il est mort, il a été enseveli ; aujourd’hui est un jour de silence, de recueillement, d’attente. La tradition associe  le samedi saint à la descente aux enfers : le Christ vient arracher à la mort toute l’humanité pour l’associer à sa résurrection.

«  L’un de mes amis égyptiens, a écrit une grande icône en forme de croix où le Crucifié se penche vers l’humanité rassemblée à ses pieds. On  voit une foule immense,  et tout en bas de la croix une grande caverne sombre qui symbolise l’enfer. Et la caverne est complètement vide : au milieu de celle-ci, le démon se lamente, seul, sans personne. L’Enfer c’est l’absence de Dieu, dit-on, mais c’est plus fondamentalement l’absence de l’autre. C’est la solitude dans laquelle on se retrouve parce qu’on ne s’est laissé rejoindre par personne… »

Laisser au Christ le temps de descendre tout au fond de notre existence. Chacun restera libre de dire oui ou non, mais tous auront rencontré le Christ !  Qui pourrait dire non face à l’Amour infini et consolateur de Dieu ? 

* Le samedi soir est la nuit de toutes les pâques : nuit bienheureuse et formidable, plus importante encore que la nuit de Noël. Christ est venu pour nous libérer ! « Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est creuse » (I Co 15,14)

Nuit de tous les passages : 

  • Du tohu-bohu à la vie : premier don que nous fait le Créateur.
  • Des sacrifices humains aux sacrifices d’animaux
  • De la Mer Rouge à la Terre Promise
  • Du cœur de pierre au cœur de chair
  • De la vie résignée à une vie engagée
  • Des ténèbres à la lumière
  • Du feu nouveau au feu pascal
  • De la mort à la vie
  • De la tristesse à la joie pascale …

Tous ces passages nous renvoient à ceux que nous sommes appelés à vivre vers plus d’amour, de liberté, de fraternité … Passage des ténèbres à la lumière.

La lumière se propage à tous les croyants : comme l’Amour de Dieu, elle ne s’épuise pas quand on la partage… Il faut la répandre, la donner et découvrir ainsi que,  loin de s’appauvrir, elle s’enrichit !

Laissons Dieu nous dire

  la parole qui ressuscite :

« Je t’aime !

Viens,

  entre dans ma Joie ! »

Srs Françoise-Thérèse Veyrac

et Jeanine LABASTRIES